L’empire des sens : la lumière

Nous, personnes autistes, avons très souvent une sensibilité particulière, naviguant entre l’hyposensibilité et l’hypersensibilité. Cette dernière peut être particulièrement fatigante et handicapante, surtout lorsque tous les sens se mettent de la partie, en un joyeux pêle-mêle de lumières étincelantes, bruits perçants, touchers brûlants et odeurs écœurantes, ce qui peut aller jusqu’à engendrer des migraines, des crises de larmes, d’angoisse ou des moments d’hébétude et d’incapacité totale.

Il est bon de pouvoir gérer ces sensations afin d’endiguer la saturation.

Voici quelques parades en ce qui concerne la sensibilité à la lumière :

Beaucoup trop de lieux sont éclairés à l’aide de tubes lumineux fluorescents, qui, non contents d’être agressifs, en rajoutent parfois en ayant le mauvais goût de grésiller et de clignoter. Si vous vous trouvez dans un lieu tel pendant la journée, vous pouvez parfois essayer de demander simplement « Excusez-moi, serait-il possible d’éteindre la lumière, ou d’en allumer une autre ? Celle-ci est un peu violente. » J’ai remarqué que beaucoup d’êtres humains n’aiment de toute façon pas ce type de lampe et ne verront pas de problème à en changer si une alternative est possible.

Dans le cas contraire, pensez à toujours vous munir de lunettes de soleil. Il existe des lunettes à acheter en boutique d’optique dont les verres transparents se teintent plus ou moins en fonction de la luminosité, des verres teintés qui se clipent par dessus les lunettes de vue, ou encore des lunettes très faiblement teintées, légèrement rosées, mais qui offrent une grande protection contre les UV sans que cela se remarque. Ces lunettes sont malheureusement souvent assez chères, même si elles peuvent être remboursées en fonction de votre mutuelle. Si comme moi, vous avez une fâcheuse tendance à égarer, rayer, tordre ou casser vos lunettes, vous pouvez avoir une collection de lunettes bon marché facilement trouvables en grande surface qui vous permettra d’en avoir une paire dans votre sac, une dans votre manteau, une dans votre veste, une de secours chez vous, etc.

Dans tous les cas :

Selon la norme NF EN ISO 12312-1 2013, concernant les lunettes de soleil pour usage général, publiée par le groupe AFNOR, il existe cinq catégories classées selon une échelle allant de 0 à 4, selon le pourcentage croissant de lumière filtrée :

  • la catégorie 0 associée au symbole d’un nuage ne protège pas des UV solaires ; elle est réservée au confort et à l’esthétique ;
  • les catégories 1 et 2 sont adaptées aux luminosités solaires atténuées et moyennes. La catégorie 1 est associée au symbole d’un nuage cachant en partie le soleil. La catégorie 2 est associée à un soleil sans nuage, comportant 8 rayons ;
  • seules les catégories 3 ou 4 sont adaptées aux cas de forte ou exceptionnelle luminosité solaire (mer, montagne). La catégorie 3 est associée au symbole d’un soleil intense comptant 16 rayons. La catégorie 4 est associée à un soleil qui domine deux pics montagneux et deux lignes de vagues (l’inadaptation de la catégorie 4 à la conduite sur route est symbolisée à l’aide d’une voiture barrée d’une croix).

Source

Le fait de porter des lunettes de soleil en intérieur, ou même en extérieur par temps couvert, attire souvent les regards et les remarques. On pourra notamment vous dire, en manière de raillerie : « Y a beaucoup de soleil, hein ? », ce à quoi vous pouvez par exemple répondre « Oui. » en souriant. Si vous craignez qu’on vous perçoive comme une personne hautaine, ce qui est parfois le cas, même si je n’ai jamais compris le rapport entre arrogance et lunettes noires, mais que vous n’avez pas pour autant envie d’entrer dans les détails ou de donner un cours magistral sur les traits autistiques, vous pouvez vous contenter d’expliquer que vous êtes très sensible à la lumière, ou encore que vous êtes fatigué·e, que vous avez la migraine, voire la gueule de bois (attention, cette dernière option n’est à utiliser que très ponctuellement, et jamais en contexte professionnel, où cela risquerait fortement de vous porter préjudice, sauf à jouer dans un groupe de rock).

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Chez vous, privilégiez les sources de lumière douces et multiples plutôt qu’une seule lampe puissante : lampe de chevet, guirlandes lumineuses, LED… Si vos ampoules éclairent fortement, vous pouvez facilement les atténuer en dessinant dessus à l’aide de feutres rouge, jaune, orange, bleu… Si vos abat-jour (ou peut-être une nuit) ne sont pas assez épais, vous pouvez les renforcez en les voilant d’un foulard à condition qu’il ne soit pas dans un tissu inflammable ; attention à mettre le foulard uniquement par dessus l’abat-jour, et pas au dessus ou en dessous de l’ampoule, et vérifiez bien que le tissu ne chauffe pas trop.

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Si, comme nombre de personnes autistes, vous passez beaucoup de temps devant un écran, il existe de nombreux logiciels permettant de varier l’intensité et la couleur de la luminosité. Quoi qu’il en soit, veillez à ne pas fixer trop longtemps un écran dans le noir complet, mais allumez une petite lampe auprès de vous, et pensez à régulièrement fermer les yeux et regarder ailleurs. Si vous utilisez un écran pour travailler, n’hésitez pas à programmer une alarme à heure régulière pour vous forcer à penser à fermer les yeux pendant un moment et regarder ailleurs, idéalement au loin et à la lumière naturelle.

C’est la fin de ce premier article sur l’hypersensibilité, vous pouvez donc fermer les yeux puis regarder ailleurs en attendant la suite.

(Et n’hésitez pas à lâcher vos commmsssszZ.)

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